Marie-Catherine Riggieri

Publié le 23 juillet 2019 - Mis à jour le 07 septembre 2019

Marie-Catherine Riggieri, actrice, a séjourné régulièrement à Saint-Brice de 1769 à 1805. Aujourd’hui, son ancienne demeure est communément appelée le « pavillon Colombe ».

Rue Edith Wharton : pavillon Colombe

rue Edith Wharton
95350 Saint-Brice-sous-Forêt

En 1761, François Riggieri quitte la Giudecca, le quartier industrieux de Venise, avec sa mandoline, son épouse Angélique-Dorothée Rombocoli et trois petites filles qui, dès leurs premiers pas, ont su danser, évoluer et surtout charmer. Leur apprentissage s’est poursuivi sur les routes du Piémont, de la Savoie et du royaume de France. Les bateleurs italiens sont nombreux : ils vont de ville en ville ou plutôt de foire en foire.

Elle entre à la Comédie Italienne à quinze ans

Arrivée à Paris, la famille Riggieri-Rombocoli a sa loge à la foire Saint-Germain et à la Foire Saint-Laurent. Quelques bonnes relations sont nouées et la jeune Marie-Catherine, l’aînée des demoiselles, âgée à peine de quinze ans, rentre à la Comédie-Italienne.

C’est la reconnaissance des talents, la sécurité de l’emploi, la protection des gentilshommes de la Chambre du roi et surtout la promesse d’une ascension sociale, ce dont rêve pour ses filles, comme pour elle-même, Angélique-Dorothée Rombocoli.

Une mère-entremetteuse

Bien vite, Marie-Catherine Riggieri, devenue mademoiselle Colombe (son nom de scène), dont le visage a la délicatesse et la douceur d’une madone vénitienne, suscite la passion d’un jeune universitaire Irlandais venu sur le continent parfaire son éducation : le comte de Massereene.

Angélique-Dorothée Rombocoli ne voit pas partir sa fille aînée, d’un œil tranquille. Sa fille, c’est un capital qui doit lui rapporter et elle se comporte en matrone qui défend ses intérêts et loue les charmes de sa fille au prix fort.

À la police, elle fera plus tard une déclaration d’enlèvement, sans doute pour éviter le châtiment dû à ses marchandages... Ces marchandages : une enveloppe de deux cents louis d’or, puis une enveloppe de deux mille quatre cents livres et d’autres négociations de bail au bout d’un mois.

Les exigences de cette mère-entremetteuse sont telles que le comte de Massereene ira auprès du commissaire faire une acquisition officielle et légale de sa colombe bien-aimée. Il donnera son nom au fils qu’elle mettra au monde et qui sera mis en nourrice, selon la coutume de l’époque. Cette liaison durera deux ans. Les tourtereaux mènent grand train, emménagent dans un hôtel particulier du quartier aristocratique de Saint-Germain. Seulement, cette prodigalité du riche Irlandais attire les escrocs et le généreux Massereene se voit peu à peu dépouillé par son intendant et quelques complices. Il a signé tellement de lettres de change sans trop vérifier qu’il finit par être emprisonné pour dettes. Marie-Catherine Riggieri ne tient pas à être mêlée à ces trafics, craint d’être suspectée de complicité et recherche un nouveau protecteur-mécène. Elle retient l’attention d’un jeune financier, fils d’un secrétaire du roi à la Cour des Comptes, Jean-André Vassal.

Une folie construite à Saint-Brice

Nous sommes en 1769. La vallée de Montmorency, son massif forestier, ses coteaux, ont retenu pendant quelques années le célèbre « promeneur solitaire », écrivain, musicien, herboriste, Jean-Jacques Rousseau. Il est de bon ton d’avoir sa campagne dans un voisinage si prestigieux, de pratiquer un retour à la nature, dans une nature modelée selon les raisons du cœur et de l’imagination. Jean-André Vassal achète une terre, une maison et ses dépendances, au cœur du village de Saint-Brice, rue du Montdeveine (actuellement rue Edith Wharton). Cette propriété lui paraît trop rustique : il la démolit et fait construire, par le brillant architecte à la modeBélanger, cette « folie » néo-classique, dont notre ville peut toujours s’enorgueillir.

Mademoiselle Colombe y a séjourné régulièrement de 1769 à 1805. Aujourd’hui, cette ancienne demeure est communément appelée « le pavillon Colombe ».

Modèle pour Fragonard

Jean-Honoré Fragonard peignit plusieurs tableaux de l’actrice. Il la choisit comme modèle pour réaliser des allégories de l’amour.

En 1772, Jean-André Vassal épouse la fille d’un conseiller à la Cour de Montpellier : Anne-Françoise Pas de Beaulieu. En revanche, il laisse à sa protégée, par acte passé devant notaire, l’usufruit et la jouissance de la propriété de Saint-Brice.

Une fin de vie aisée

Marie-Catherine Riggieri, après son départ de la Comédie-Italienne, se montra une gestionnaire avisée de ses biens et ne manqua jamais de rien. Elle meurt, à 79 ans, dans l’appartement qu’elle louait à l’angle de la rue et du boulevard Montmartre le 17 mai 1830. L’inventaire après décès montre qu’elle disposait d’une grande aisance.

Texte rédigé en collaboration avec Les Amis du vieux Saint-Brice
 

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