Portrait de Sébastien Houbani : des cuisines étoilées aux plateaux de tournage

Publié le 04 juin 2025 - Mis à jour le 04 juin 2025

Un enfant de Saint-Brice, Sébastien Houbani, acteur plusieurs fois récompensé et prometteur, sera à l’affiche du film Rapaces, en salles le 2 juillet, réalisé par Peter Dourountzis. Retour sur son parcours.

Sébastien Houbabi joue un petit rôle aux côtés de Sami Bouajila, Mallory Wanecque et Jean-Pierre Darroussin dans le film Rapaces de Peter Dourountzis, en salles cet été. L’histoire retrace une enquête sur un féminicide, venue bouleverser une relation père-fille. C’est sa troisième collaboration avec ce réalisateur. Il a tourné dans son premier court-métrage et dans Vaurien, sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes en 2020. Une consécration qu’il n’a malheureusement pas pu vivre : le plus grand festival de cinéma du monde sera annulé en raison du covid…

Pourtant, rien ne prédestinait Sébastien Houbani à devenir acteur de cinéma. « Ça ne se passait bien à l’école. »  Après sa 5e au collège de Nézant, il part internat au Sacré Cœur de Péronne. À la suite d’un stage dans un restaurant, il se lance dans des études de cuisine et travaille dans des restaurants gastronomiques étoilés. « C’était l’armée ! Pour autant, j’ai beaucoup aimé faire ce métier car il m’a appris la rigueur. Je n’ai pas peur du travail et de la difficulté. »

C’est une rencontre fortuite avec un ami d’enfance avec qui il était à l’école Pierre et Marie Curie, Johnson D., qui va l’amener au théâtre. « Il prenait des cours de théâtre au cours Viriot. Il m’a invité à l’audition de fin d’année au théâtre du Gymnase. » Il précise : « Je travaillais dans la restauration. Pendant la coupure, cela m’intéressait de prendre des cours de théâtre. Je n’avais pas fait de longues études mais j’étais motivé pour faire quelque chose de littéraire plutôt que sportif, rencontrer de grands auteurs… Du coup, je me suis inscrit. Très vite, j’ai reçu la piqûre ! À la fin de cette année-là, j’ai passé une audition et j’ai été repéré par un agent artistique. »

Parallèlement, Sébastien Houbani tournait dans les clips d’un ami. « Les petites planètes se sont alignées, un peu comme une évidence. » Il passe ses premiers castings. Il débute au théâtre en 2007 avec la pièce Des pavés sur scène.

Un acteur en pleine ascension primé dans les festivals

Il enchaîne les courts métrages, dont La tête froide de Nicolas Mesdom en 2012 dans lequel il tient le rôle principal qui lui vaut ses premiers prix d’interprétation. « C’est le film qui m’a mis le pied à l’étrier et qui m’a appris ce que c’était réellement de jouer un rôle. J’ai rencontré beaucoup de gens après. J’ai été dirigé par un mec exceptionnel qui est aujourd’hui mon grand frère de cinéma. Il m’a aussi fait découvrir le cinéma en me montrant beaucoup de films : Pialat, Rohmer, etc. C’est vraiment l’une de mes rencontres les plus importantes que j’ai faite dans ce métier. »

Il reçoit en 2014 un autre prix du meilleur acteur au festival Paul Simon pour Finistère de Théo Jourdain.En 2015, il est à l’affiche de Nous trois ou rien de Kheiron dans lequel il tient un grand rôle. « C’était un cadeau ! Le scénario était hyper bien écrit. Kheiron m’a appelé le soir même du casting et il me dit : T’es une bombe, mec ! Cela a été un mois et demi, au Maroc, à se marrer comme jamais avec une équipe de fous : Gérard Darmon, Kyan Khojandi, Jonathan Cohen, Leïla Bekhti… et en plus les gens étaient incroyables. »

Stephan Streker lui confie, en 2016, le premier rôle dans Noces avec lequel il remporte le Valois du meilleur acteur et une nomination aux César de la meilleure révélation masculine. « Ce film est un autre virage de ma carrière car c’est la première fois que j’ai le rôle principal masculin dans un long métrage.Je jouais un Pakistanais. Donc c’est un vrai rôle de composition. On m’a jauni le teint, coupé les cheveux.  J’ai dû apprendre une langue. »

En 2016, Thierry Klifa fait appel à lui pour son film Tout nous sépare. Il y joue aux côtés de Catherine Deneuve, Diane Kruger ou encore Nicolas Duvauchelle. Après le tournage, le réalisateur lui propose de monter sur les planches avec Fanny Ardant avec la pièce Croque-Monsieur au théâtre de la Michodière.

Ce que j’aime chez Thierry Klifa, c’est qu’il m’emmène dans des univers complètement différents. Il aime les acteurs. Il voit en moi des choses que je ne vois même pas. C’est incroyable. Dans la pièce, je joue un secrétaire très précieux, avec une petite moustache, très pieu.

Le quadragénaire nous confie : « Fanny Ardant une femme extraordinaire. C’est ma plus belle rencontre. Dans sa manière de parler, elle a ce petit côté très perché. Mais, en vrai, c’est une femme qui connait très bien le monde dans lequel elle vit. J’ai fait 150 représentations avec elle, pas une fois où j’ai l’impression qu’elle a joué pareil. Elle fait place à son instinct, ses émotions, pour être toujours dans la spontanéité, dans le fait de vivre ce qu’elle dit, chaque seconde, chaque mot. Pour pouvoir faire ça, il faut des qualités humaines. Elle m’a beaucoup appris. Elle est d’une générosité dans le travail qui est magnifique. »

Sébastien Houbani jouera de nouveau avec elle devant l’œil de la caméra de Thierry Klifa, en 2023, Les Rois de la piste. Après avoir incarné un flic dans Tout nous sépare, cette fois, il tient le rôle d’un voyou. « Thierry Klifa me donne beaucoup de confiance. C’est très important pour un acteur. 

En 2020, il tient le rôle principal de la série Caïd d’Ange Basterga et Nicolas Lopez, diffusée sur Netflix. « Ce qui m’intéressait beaucoup dans ce projet, c’est que c’est tourné en found footage. La caméra fait partie intégrante de l’histoire et de la série comme dans les films d’horreur Rec ou le Projet Blair Witch. Tous les dialogues étaient improvisés. C’est un vrai challenge ! »

Il a également joué, en 2022, dans le film Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry qui a pour thème la justice réparatrice. « Je suis très fier d’avoir tourné dans ce film, même si c’est un petit rôle.J’ai été dirigé dans un mouchoir de poche, presque à la virgule près. C’était hyper dur. Au début, cela m’a secoué un peu. Finalement, quand j’ai vu le film, c’est la première fois que je ne me reconnaissais pas. J’ai vu le personnage. J’ai vraiment été au service d’une réalisatrice qui avait vraiment son film en tête. Elle m’a fait beaucoup progresser, je pense. »

Il poursuit : J’essaie de plus en plus de me construire une carrière exigeante, même si je passe toujours des castings. Aujourd’hui, je suis moins obsessionnel sur le fait de vouloir tourner à tout ».

Aujourd’hui, 17 longs métrages à son actif, Sébastien Houbani s’est lancé un nouveau challenge : la mise en scène. Après avoir réalisé un clip pour le chanteur Toma, où Louane joue le rôle principal, il a mis en scène son spectacle A l’origine, un one man show. Il l’a joué au festival d’Avignon et dans quelques théâtres à Paris. Prochainement, je vais accompagner Big S Laporte, un gars très suivi sur les réseaux sociaux.

Saint-Brice, sa ville de cœur

Sébastien Houbani est très attaché à Saint-Brice-sous-Forêt, la ville de son enfance où vit encore sa famille. « Cette ville m’a offert des opportunités de rencontrer de nombreux artistes comme Karl Apella alias Blacko du groupe de rap Sniper, des gars de DPL studio qui enregistrent des artistes incroyables ou encore le danseur Abibou Kebe, qui a eu une influence énorme sur mon parcours d’artiste notamment sur la transmission de sa passion. J’aime beaucoup Saint-Brice, il y avait une belle diversité. On était tous dans les mêmes écoles, juifs, rebeus et renois. Tous ensemble. Ça se passait hyper bien. »

Longtemps persuadé que le théâtre et encore plus le cinéma n’était pas fait pour les jeunes de banlieue, il veut aujourd’hui montrer l’inverse aux jeunes de la ville qui se cherchent : « Ce n’est pas parce qu’on vit à 15 km de Paris que rien n’est possible. » Il conclut notre rencontre avec les mots de Mohammed Ali : « Je ne perds, jamais. Soit je gagne, soit j'apprends ».

Biographie

1982 : Naissance à Montmorency

2012 : Prix du meilleur acteur aux festivals de Clermond-Ferrandet de Cabourg avec La tête froide de Nicolas Mesdom

2016 : Valois du meilleur acteur et nomination aux César de la meilleure révélation masculine avec Noces de Stephan Streker

2025 : Rapaces de Peter Dourountzis

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