La guerre de 14-18 à l’honneur pour les Journées du patrimoine

Publié le 03 septembre 2018 - Mis à jour le 11 juin 2020
À l’occasion des journées du patrimoine les 15 et 16 septembre 2018, deux expositions sont consacrées à la Grande Guerre ce mois-ci. La rédaction en profite pour vous raconter l’histoire rocambolesque du monument aux morts.
Beaucoup de Saint-Briciens l’ignorent sûrement : le monument aux morts, aujourd’hui installé dans le parc de la mairie, n’a pas toujours trôné là-bas. Selon le magazine municipal de 1986, le monument a été déplacé en 1985 suite à la demande des associations d’anciens combattants. En effet, le monument était auparavant placé dans la cour de l’ancienne mairie, à savoir la banque LCL aujourd’hui. Or, les cérémonies étaient « étriquées » et le public devait rester derrière les grilles fermant l’enceinte. La proximité de la rue de Paris perturbait le déroulement de la manifestation. D’autre part, l’ancienne mairie était, à l’époque, un centre de loisirs. Les enfants jouaient dans la cour, en grimpant parfois sur le monument, ce qui n’était pas sans heurter les habitants.
D’un commun accord, il apparut que l’emplacement idéal serait dans le parc de la mairie actuelle. Cet endroit agréable, réservé aux promenades, voire à la méditation, était digne de recevoir le monument, symbole de l’attachement des habitants de
Saint-Brice au souvenir de ses enfants disparus au cours des terribles moments que furent les périodes de guerres qui se succédèrent depuis 1914.
Le transport et le remontage furent effectués avec le plus grand soin par une entreprise locale et le monument, intact et parfaitement nettoyé, trône désormais au milieu du parc.
La première cérémonie dans le parc de la mairie s’est tenue le 11 novembre 1985.
Pourquoi notre ville a deux monuments aux morts ?
Toujours selon le magazine municipal de 1986, avant même la fin de la guerre, en juin 1918, un crédit était alloué au budget communal pour la construction d’un monument. Paul Theunissen, artiste parisien, sera bientôt désigné pour exécuter cette œuvre qui doit être placée au cimetière. Mais le 10 avril 1920, une pétition signée de 72 habitants met en évidence le souhait de ces derniers à voir ce monument érigé, non pas au cimetière, mais sur la place Gallieni. Au cimetière, on devrait mettre uniquement une pyramide funéraire. Le conseil municipal, par vote, décide de ne pas prendre cette pétition en considération. Revenant à la charge, les habitants se mobilisent et le 1er mai 1920, le conseil municipal étudie la requête de 247 habitants dont 34 noms de familles éprouvées par la perte de l’un des leurs.
Le conseil municipal décide alors que le monument du statuaire Theunissen sera définitivement érigé sur la place de la mairie (l’ancienne mairie) « entre le perron et la grille d’entrée face à la route nationale » et qu’effectivement, on édifierait une pyramide funéraire au cimetière. Ce deuxième travail sera confié à Monsieur Clément, sculpteur-marbrier à Deuil.
Tout ceci coûte cher, très cher… La commune décide, outre ses subventions, d’ouvrir une souscription auprès des habitants. On voit même le conseil municipal décider d’une subvention, peut-être un peu supérieure à celle allouée habituellement à la société dansante de Saint-Brice à condition qu’elle donne deux concerts gratuits avec quête en faveur de l’érection du monument.
Pourtant les travaux n’en finissent pas ! Il faut rappeler deux fois Paul Theunissen à l’ordre pour qu’il veuille bien terminer son travail.
Enfin, la date de la double inauguration est fixée. Ce sera le 8 mai 1921 (en choisissant cette date, y avait-il prémonition… ?). On détermine déjà le détail de la cérémonie. On a lancé les invitations, lu avec plaisir les réponses des diverses personnalités ayant accepté de se rendre à cette manifestation et pourtant tout n’est pas réglé.
Deux expositions à ne pas rater
Le village au temps du conflit armé 14/18
L’association Saint-Brice d’antan vous fera découvrir le quotidien des Saint-Briciens pendant la Grande Guerre.
Pour cela, Françoise Dehayes s’est appuyée sur les textes écrits de la main de la Saint-Bricienne Madeleine Héry (NDLR : Quand j’étais petite fille et du tome IV Saint-Brice au travers de son conseil municipal ).
Vous trouverez aussi des témoignages de militaires qui étaient en convalescence à Saint-Brice. En effet, ces derniers, avant de repartir au front, ont pu écrire et envoyer des cartes postales à leurs familles.
Enfin, l’association a souhaité rendre hommage aux morts pour la France et aux disparus. Ainsi, chacun pourra mettre un nom, un âge, un grade ou encore un lieu sur ces hommes qui se sont battus pour la patrie.
Du 13 au 17 septembre de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h, salle de l’Orangerie (place Gallieni)
Rens. au 01 34 19 85 30
Les monuments aux morts et disparus de 14/18
L'association Les Amis du vieux Saint-Brice présente quant à elle une exposition consacrée aux monuments aux morts et disparus de la Guerre 14/18, érigés dans la Communauté d’agglomération Plaine Vallée.
Du 20 au 24 septembre de 9 h 30 à 18 h 30, salle de l’Orangerie
Rens. au 01 39 90 53 77 ou 06 10 15 21 15
Le 3 mai (soit 5 jours avant l’inauguration), le conseil municipal se réunit pour étudier en détail une affaire commencée depuis plusieurs mois : un habitant désirait que le grade de son fils mort pour la France soit indiqué sur les monuments. N’ayant pas gain de cause, celui-ci avait obtenu l’appui de plusieurs personnes (qui se sont vite rétractées ensuite) favorables à cette inscription supplémentaire. Bref, il imposa finalement que le nom de son fils ne figurât pas sur les monuments.
Le conseil municipal, à son grand regret, accepte cette solution tout en réservant une place libre pour ce nom dans le cas où la famille reviendrait sur sa décision.
Mais l’histoire n’était pas finie ! Parallèlement s’était élevée une protestation des paroissiens heurtés par le fait qu’aucun emblème religieux n’était apposé sur le monument du cimetière. Au moment de l’inauguration, la lutte reprit car la majorité du conseil municipal désirait une cérémonie entièrement laïque. Monsieur le curé Borowky envoie une lettre de protestation au préfet, aux sénateurs et aux personnalités qui devaient assister à l’inauguration.
Enfin, la veille de la cérémonie, grâce à l’entremise d’un conseiller d’arrondissement, le maire Désiré Graux accepte qu’à l’issue de la messe de 10 h (célébrée pour les soldats tombés au champ d’honneur), une procession se rende au monument du cimetière.
C’est ainsi que les paroissiens purent assister le matin du 8 mai 1921 à la bénédiction de ce monument.
La cérémonie municipale, en grande pompe, eut lieu, elle, à 14 h en présence de nombreuses personnalités, la fanfare, les enseignants et les enfants des écoles.
On commença par la cérémonie au cimetière avec pas moins de cinq discours puis on revint à la mairie (cinq discours également) et enfin, un vin d’honneur fut ensuite offert à la mairie par le conseil municipal « pendant que la fanfare se faisait entendre et terminait par la Marseillaise ».
Pour aller plus loin
Imprimer