Rodéos à moto : le fléau des beaux jours

Publié le 28 juin 2018 - Mis à jour le 11 juin 2020

Difficiles à appréhender, les auteurs de rodéos à motos ne sont cependant pas au-dessus de la loi. À Saint-Brice, en 2018, deux procédures sont en cours et déboucheront dans les prochains mois.

Les beaux jours sonnent en général le glas la tranquillité des villes et Saint-Brice ne fait pas exception. Les motards non casqués, en motos cross ou quads (non homologués) non habilités à circuler en ville, prennent les rues pour leur terrain de jeu. Ils enchaînent roues arrières et excès de vitesse, méprisant le code de la route, aux yeux et à la barbe des forces de police, mettant à vif les nerfs des habitants. 
Régulièrement, la police municipale est contactée par les Saint-Briciens qui se plaignent de ces nuisances insupportables les week-ends le plus souvent, surtout dans les quartiers du Village et de la Plante aux Flamands. À tout moment, ils risquent de provoquer des accidents très graves et  mettent leur vie en danger et surtout celle des autres. C’est d’autant plus le cas, qu’il y aussi un effet de bande. Les jeunes tournent ainsi sur Saint-Brice et sur les communes environnantes.

Un phénomène nuisible et dangereux dans toute la France

En 2017, c’est plus de 15 000 rodéos motorisés qui ont été enregistrés en France selon les statistiques du ministère de l’Intérieur. Un chiffre en hausse de 20 % par rapport à l’année précédente. Le milieu rural n’est pas épargné mais c’est surtout dans les zones urbaines sensibles que le phénomène est bien ancré.
« Ce chiffre est très important, c’est vrai, mais il ne prend sûrement pas en compte l’infraction de base qui est que ces véhicules n’ont absolument pas le droit de circuler sur la voie publique car ils ne sont pas homologués , précise Rosario Martoccia, chef de la police municipale. Ces véhicules peuvent circuler uniquement sur des terrains privés et doivent porter une plaque d’identification, ce qui est loin d’être le cas.  »

Des difficultés d’interpellation

Pour lutter contre ce phénomène, les moyens des forces de l’ordre sont finalement limités aujourd’hui à une pluralité d’infractions constatées : non port de casques, excès de vitesse, conduite d’un véhicule non réceptionné, c’est-à-dire non homologué, défaut de clignotant ou de phare, circulation sur le trottoir… 
« La problématique de ces délits, c’est que nous ne sommes pas autorisés à faire de course poursuite pour appréhender les protagonistes , précise Rosario Martoccia. En effet, s’il se produisait un accident, ce serait de notre responsabilité. Et c’est une réalité que les parents devraient avoir à l’esprit, car  ces rodéos sauvages ne sont pas sans conséquence. On peut mourir d’une roue arrière quand on ne porte pas de casque. Et on peut également blesser ou tuer d’autres personnes avec des comportements aussi irresponsables. »

Un travail de terrain qui paie

Début avril, les policiers municipaux ont identifié des protagonistes (mineur et majeur) déjà connus de leur service. Plusieurs infractions ont été constatées à leur encontre, faisant l’objet de contraventions  envoyées à l’officier du ministère public. Des enquêtes sont donc en cours qui donneront lieu cette fois à des sanctions pécuniaires plus lourdes puisque les amendes de quatrième classe (750 euros) vont se cumuler. La procédure judiciaire étant plus longue, ils en seront avisés dans quelques mois. Est-ce que cela sera dissuasif ? Peut-être, mais pas si sûr, c’est pourquoi une proposition de loi est en cours qui sera examiné courant juillet au Sénat.

La problématique de ces délits, c’est que nous ne sommes pas autorisés à faire de course poursuite pour appréhender les protagonistes.

Citation de Rosario Martoccia

Un projet de loi à l’étude pour sanctionner plus sévèrement

L’objectif du projet de loi est de punir spécifiquement ce type de délit et non uniquement les infractions qui en découlent. Le texte propose ainsi de punir d’un an d’emprisonnement et de  15 000 euros d’amende « le fait d’adopter, au moyen d’un véhicule terrestre à moteur, une conduite répétant de façon intentionnelle, des manœuvres constituant des violations d’obligations particulières de sécurité ou de prudence ». Ces sanctions pourraient être alourdies en cas de circonstances aggravantes, pouvant aller jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende. Les policiers pourront procéder à des gardes à vue et confisquer de façon systématique le véhicule.
« On peut espérer que si cette loi est effective, les sanctions seront dissuasives pour les auteurs de rodéos sauvages conclut Rosario Martoccia. Même si pour nous, sur le terrain, nous serons toujours dans les mêmes difficultés pour les identifier et les appréhender. Cependant, on peut constater aujourd’hui sur Saint-Brice que le travail de terrain finit par payer, il se fait d’ailleurs en partenariat avec la police nationale.  »

Les véhicules non homologués à circuler sur les routes

Les moto-cross, pit-bike, dirt bike ou quad qui ne font pas l'objet d'une réception CE  - normes techniques exigées par l’Union européenne pour sa mise en circulation - mais dont la vitesse peut excéder par construction 25 km/h, font l’objet d’une déclaration sur le site www.service-public.fr. Les propriétaires doivent la faire dans les quinze jours suivant l’acquisition du véhicule et apposer la plaque d’identification de façon visible. Ces véhiculent ne peuvent en aucun cas circuler sur la voie publique ou dans un lieu ouvert à la circulation, mais sur un circuit, parcours, terrain à usage sportif ou un terrain adapté (sous conditions).

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