Les derniers jours de Louis Coccolo

Publié le 02 mai 2024 - Mis à jour le 06 mai 2024
Alors que la Ville vient de commémorer le 79e anniversaire de la victoire des alliés sur l’Allemagne nazie, nous vous proposons une immersion au cœur du Saint-Brice de 1944. Plongez dans l’histoire de Louis Coccolo, tragique destin d’un Saint-Bricien tué par les Allemands.
Cette histoire est racontée par la saint-bricienne Jeannine Amiot (1924-2018) dans une lettre qui a été conservée précieusement par l'UNC (à lire en bas de page). Petite fille de Julien Mourin (maire de Saint-Brice de 1935 à 1942), Jeannine Amiot était une voisine de Louis Coccolo. Ce récit se déroule sur cinq jours, du dimanche 27 août au jeudi 31 août 1944.
Dimanche 27 août 1944. La Seconde Guerre mondiale dure depuis presque cinq ans. Jeannine Amiot raconte : « Paris est libéré. St Brice attend. Il fait très chaud. Le Clos sommeille quand le bruit d’une fusillade tire les gens de leur rêverie ». Les troupes des armées françaises et américaines sont tout proches d’ici, à Deuil-la Barre. Louis Coccolo a 23 ans. Il est né en Italie et est fils unique. Ses parents ont émigré d’Italie jusqu’à Saint-Brice entre les deux guerres. Ils habitent la Villa des Jardins. Ce jour-là, ses parents sont absents, partis dans le Loiret.
Au courant de la présence des soldats américains, un groupe de Saint-Briciens se dirige vers la Tour de Nézant. Les curieux tentent de les apercevoir. Parmi eux se trouve Louis Coccolo. Soudain, des coups de feu retentissent, comme pour rappeler que les SS sont toujours en ville. Certains membres du groupe ont réussi à s’enfuir mais qu’en est-il de Louis Coccolo ? Saint-Brice n’est pas encore libérée lorsque la ville s’endort.
Louis Coccolo retrouvé...mort
Lundi 28 août 1944. La journée est plus calme, les combats se font plus rares. Tout le monde s’interroge sur le sort de Louis Coccolo. S’est-il enfui ? Est-il mort ? Il est finalement retrouvé, tué par balle. Jeannine Amiot se souvient : « Il est là-haut accroché dans les groseilles mais ce n’est pas beau à voir […] Quel spectacle !! De petits trous dans le doset une balle dans la tête». Ramené chez lui, personne ne lui confectionne de cercueil, considérant qu’il s’agit de la responsabilité de ses parents. Il est provisoirement placé dans quatre planches de bois.
Il est là-haut accroché dans les groseilles mais ce n’est pas beau à voir […] Quel spectacle !! De petits trous dans le dos et une balle dans la tête
Jeudi 31 août 1944. Des coups de feu sont tirés épisodiquement. Que fait-on de toutes les victimes civiles ? Louis Coccolo n’est pas l’unique victime de cette tragédie. On compte deux victimes supplémentaires par obus à leur domicile ainsi que trois résistants des Forces françaises de l’intérieur (FFI). Au total, ils sont six à avoir perdu la vie alors que la Libération était imminente. Jeannine Amiot explique : « Victimes d’abord de leur destin, de leur courage et aussi de leur témérité ». Un officier français prendra en charge les obsèques. Elles auront lieu le lendemain, vendredi 1er septembre. Honoré lors des funérailles, Louis Coccolo aura attendu quinze jours supplémentaires avant d’obtenir une dernière résidence décente. Il sera finalement enterré dans le Loiret.
La fin de la guerre à Saint-Brice
Ce 31 août marque la fin des combats dans le Val d’Oise. Saint-Brice est libérée. Même si la joie est immense, le moment est mal vécu par les saint-briciens, meurtris par l’assassinat de Louis Coccolo. Ils pensent que le drame aurait pu être évité. Lui, qui semblait avoir toute la vie devant lui.
Parmi les 400 000 victimes civiles françaises de la Seconde Guerre Mondiale, cinq saint-briciens ont péri : Louis Cailliette (15 ans), Louis Coccolo (23 ans), Marie Rose Midelet (47 ans), Emile Monnier (50 ans), Paul Rocher (23 ans).
Une stèle a été érigée l’honneur de Louis Coccolo rue de Nézant. Dessus, on peut lire : « Louis Coccolo, tué le 27 août 1944 par les Allemands à l’âge de 23 ans ». La stèle disparaît dans la végétation et sera oubliée pendant des décennies. Elle fut redécouverte en 2012 lors d’un « chantier jeune ». 80 ans après sa disparition, Saint-Brice rend hommage, une fois de plus, aux victimes civiles de la Guerre. Louis Coccolo restera à jamais un symbole de Saint-Brice.
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