Journée de la Femme : Brigitte Cadran, 57 ans, chef d'entreprise

Publié le 14 février 2019 - Mis à jour le 14 février 2019
Véritable self-made-woman, Brigitte Cadran est à la tête d’une entreprise de déménagement, un univers masculin. Portrait.
Seulement 15 % des femmes sont à la tête des petites entreprises, de 10 à 20 salariés. « Dans le secteur du déménagement, imaginez le pourcentage ! » s’exclame-t-elle. Engagée au sein de l’association Dynactive qui regroupe les entrepreneurs de la Plaine Vallée, elle se charge de d’accueillir les nouveaux chefs d’entreprise, en tant que membre de la commission Développement. Brigitte Cardan fait partie du Lions club de Domont : « En tant que chef d’entreprise, je passe tout mon temps avec mes collaborateurs, clients et fournisseurs. Je ne prends quasiment pas de vacances. C’est difficile de faire des connaissances en dehors du cercle professionnel. Grâce au Lions, j’ai pu nouer de belles relations. On se retrouve le jeudi soir, tous les quinze jours. Les membres du Lions ne sont pas dans le jugement mais dans le respect. C’est très appréciable. » Remariée depuis deux ans, c’est une femme épanouie.
La force en héritage
Enfant, elle ne s’imaginait pas du tout là où elle en est aujourd’hui. Cette Savoyarde a grandi avec pour modèles ses grands-parents maternels. Ils tenaient un garage et un motel qui prospéraient bien. Seulement les Allemands ont tout brûlé lors de la deuxième guerre mondiale. Pour autant, ses grands-parents ont pu reconstruire un garage, grâce à une subvention versée par le gouvernement aux victimes de guerre. « Ma force, ce sont eux qu’ils me l’ont inculqué » se souvient-elle. « Mon frère aîné est également chef d’entreprise. »
Une femme de défis
L’avenir de Brigitte Cadran était plutôt mal parti : à l’école, elle n'était pas parmi les meilleurs élèves. Elle voulait, à la fin du collège, s’engager dans l’armée. Au vu de ses mauvais résultats scolaires, on l’a alors orienté vers un BEP Couture ! Elle terminera parmi les meilleures de sa classe pour accéder à la section coupe car il était hors de question qu’elle fasse deux ans de couture. « Mon parcours, ce sont des défis qu’on me lance » raconte-t-elle. Sa famille déménage à Grenoble. Faute de chance, elle ne trouve aucun atelier de couture dans lequel travailler. Elle devient ainsi hôtesse à l’accueil d’un supermarché. À ce moment-là, elle rencontre son mari et le suit en région parisienne dans les années 80. Ce dernier avait été appelé par son père pour l’aider à reprendre l’entreprise *. Elle décide de suivre une formation de comptabilité à l’Ifocop et enchaîne le travail administratif dans différentes petites et moyennes entreprises. Elle donne naissance à deux filles. Parallèlement, elle sera animatrice Weight Watchers, ce qui lui permettra d’apprendre à tenir des réunions.
Son beau-père vieillissant, elle intègre l’entreprise de son mari, à Méry-sur-Oise, pour les aider. Petit à petit, elle prend ses marques en développant le déménagement. Son mari choisi de se retirer. C’est ainsi qu’elle est devenue gérante. Elle a ensuite obtenue son certificat de capacité professionnelle au transport national par route (niveau bac + 5), après un an de formation qu’elle suivait les soirs et week-ends. « C’était une année enrichissante. Entourée d’hommes, ils m’ont pries sous leur aile.»
L’entreprise s’est installée ensuite à Saint-Brice-sous-Forêt en 2005. Très fière aujourd’hui d’avoir réussi à financer elle-même son entrepôt, d’autant plus qu’à l’époque, un banquier lui avait répondu : « On ne prête pas aux femmes ». Persévérante, Brigitte Cadran a su bien s’entourer pour réussir à atteindre ses objectifs et faire fructifier l’activité de l’entreprise, même si elle a parfois rencontré des difficultés. Celle qui voulait devenir militaire est d’une rigueur implacable au quotidien : « Je suis une tour de contrôle. On dispose de multiples outils pour vérifier tout ce qui se passe dans l’entreprise, comme la géolocalisation des véhicules, par exemple. Dès qu’il y a quelque chose qui coince, j’essaie de faire en sorte que tout redevienne fluide. Pour cela, je fais preuve de beaucoup d’abnégations ». Avant de poursuivre : « Il faut savoir être toujours crédible et juste, particulièrement quand on est une femme, pour qu’une équipe d’hommes vous suive. Je reste en permanence positive, disponible et à l’écoute. L’intérêt est que chacun puisse s’épanouir. Finalement, quand on dirige une entreprise, on agit comme une mère de famille ».
* L’histoire de cette entreprise remonte à plusieurs générations. Dans les années trente, Camille Boutringain, maraîcher, vendait ses légumes aux Halles à Paris. Pour cela, il avait acheté un camion. « Le virus du transport s’est amorcé ainsi ». La deuxième génération s’est lancée dans la messagerie et ensuite, la troisième génération s’est spécialisée dans le déménagement (pour les particuliers et sociétés) et le garde-meuble et self stockage.
Infos pratiques
Rens. sur www.demenagementsboutringain.fr
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